Interesser les enfants à la méditation avec les Pokémon

Inviter les enfants à méditer ou à être plus attentifs, ce n'est pas toujours facile. La solution est bien souvent de passer par des histoires, des jeux, ou de soi-même pratiquer pour susciter la curiosité des enfants. 

Comme les super-héros, ou les grenouilles, l'univers des Pokémon se prête particulièrement bien à la méditation. 

Capturer l'instant présent comme des Pokémon

D'après l'encyclopédie Pokepedia : "Les Pokémon sauvages se rencontrent aléatoirement dans divers milieux (hautes herbes, Surf et Plongée ...). Une fois le combat commencé, le joueur a le choix entre le combat jusqu'au K.O., la capture ou la fuite." *

Ce choix entre le combat, la fuite ou la capture se transpose étrangement très bien dans le contexte de la méditation. 

Lorsque nous vivons un événement stressant, l'amygdale, une région du cerveau qui contribue au traitement émotionnel, envoie un signal de détresse à l'hypothalamus. Cette zone du cerveau fonctionne comme un centre de commandement qui communique avec le reste du corps par le système nerveux, pour nous donner l'énergie nécessaire pour combattre ou fuir.

Cette combinaison de réactions au stress est connue sous le nom de réaction de "combat/ fuite" parce qu'elle a évolué en tant que mécanisme de survie, permettant aux humains et aux autres mammifères de réagir rapidement à des situations mettant leur vie en danger. Ces réactions sont toujours automatiques en nous même si les situations que nous rencontrons sont généralement moins dangereuses.

Nous sommes devenus au fil de l'évolution hyper-sensible aux moindre signe de danger. En méditant, nous accueillons une 3e solution : celle de capturer l'instant présent. 

En capturant l'instant présent, nous pouvons apprendre au fil du temps à désactiver cette réaction primitive quand elle n'est pas nécessaire, et à engager l'ensemble de notre cerveau - y compris les parties qui nous rendent réfléchis et attentionnés.

En pleine conscience, nous nous demandons : "Que se passe-t-il vraiment en ce moment?" Et une fois plus au clair sur la situation actuelle, nous pouvons nous demander:"Comment puis-je répondre au mieux à cette situation?" 

Avec le temps, si nous pratiquons la pleine conscience régulièrement, nous constatons que notre niveau de panique dans les situations stressantes n'est pas aussi élevé et que nous pouvons revenir à un état de calme plus rapidement. 

Pratiquer la méditation des Pokémon

L'activité peut se réalisée lors d'une promenade par exemple, ou assis voire allongé. Peu importe, même si l'idée de chasse aux Pokémon est sans doute plus ludique en partant à l'aventure en marchant. 

La respiration, l'outil de "capture" de l'instant présent

Pour une mise en pratique familiale, vous pouvez inviter les enfants à attraper les moments d'instant présent comme des Pokémon. Pour ce faire, la respiration remplace les "pokeball". 

Pour capturer un moment d'instant présent, il suffit d'inspirer et d'expirer comme pour "aspirer" l'objet d'attention et l'expirer. En inspirant et expirant, l'objet d'attention se télécharger dans le pokedek de l'enfant, l'outil des chasseurs de Pokémon qui renseigne les Pokémon vus et capturés. 

En outre, respirer en maintenant l'esprit focalisé sur un objet d'attention, quel qu'il soit, est un très bon moyen de développer un sentiment de communion avec notre environnement immédiat. 

Ce qu'il faut capturer

Méthode : repérer les moments d'instant présent à l'aide des 5 sens et les capturer avec la respiration. Ne pas se poser la question de les trouver agréables ou désagréables, ne pas trop les analyser, simplement les observer et les mettre dans le "pokedesk" via l'inspiration et l'expiration. 

  • Capturer tout ce qu'on voit : les couleurs, les formes, des animaux, des plantes, des objets fabriqués par les hommes.
  • Capturer ce que l'on entend : silence, bruits lointains, bruits immédiats, bruits d'être vivants, bruits d'objets... 
  • Capturer ce que l'on touche : feuilles, écorces, cailloux, sensations de l'air sur la peau, des vêtements, du support sur lequel on est assis ou couché ou du chemin que l'on emprunte...
  • Capturer ce qu'on goûte : barres de céréales, fruits, salive, eau... 

Bonne méditation à tous ;)

"La méditation collaborative" une technique profonde et méconnue

La méditation collaborative, c'est quoi ? 

Méditer est souvent considéré comme une pratique d'introspection. Il existe pourtant un type de méditation qui mélange cette dimension d'introspection avec une autre dimension, davantage tournée vers l'intimité aux autres.

Ce type de méditation, Kenneth Folk l'appelle la "méditation sociale", on pourrait également l'appeler "méditation collaborative".  

Le principe de la méditation collaborative 

Dans sa forme la plus simple, la méditation collaborative consiste à ce que dans un groupe, chaque méditant décrive d'un seul mot un phénomène qui surgit spontanément dans son expérience.

Chacun décrit le phénomène dès qu'il l'observe et ce n'est pas grave si plusieurs parlent en même temps au contraire.

Plus le groupe est nombreux plus ces "descriptions à haute voix" donnent, à l'oreille, l'impression d'une pluie de sensations. Exemple : Julie et Sophie disent haut et fort "pensée" pendant que Thomas dit "Peur" ou "colère" et que Simon et Lucie disent "démangeaisons". 

Il n' y a pas de bonne ou de mauvaise réponse; tout ce qui surgit dans l'expérience est décrit à haute voix avec cette technique. 


Les bienfaits de la méditation collaborative 

Cette méditation ne s'adresse pas aux très jeunes enfants. Elle est surtout bénéfique dès l'entrée dans l'adolescence. Le niveau de concentration et d'introspection qui se développent à cette période permettent de tirer le plus de bénéfices de cette pratique. 

Décrire à haute voix les phénomènes dont nous faisons l'expérience nous fait dépendre les uns des autres pour la pratique.  Il nous est bien plus difficile de nous perdre dans nos pensées et de "décrocher" lorsque tout le groupe nous porte. 

Surtout, la méditation collaborative est très réconfortante. Les adolescents qui la pratiquent constatent se sentir davantage reliés aux autres et moins affectés par la solitude.

La honte de ressentir des choses qu'on ne devrait peut-être pas laisse place à la prise de conscience que tout le monde, à un moment ou à un autre et à sa manière, vit la même chose.  

Lorsque nous avons peur, lorsque tout un tas d'émotions fortes s'emparent de nous, nous ne recroquevillons, ne ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez. Nous pensons être les seuls à vivre ces choses horribles. Nous paniquons, nous croyons que quelque chose ne va décidément pas bien chez nous. 

La méditation collaborative nous montre que tout cela n'est pas vrai, qu'il est possible de s'ouvrir et d'être porté par d'autres humains qui comme nous vivent des choses humaines. Nous prenons conscience de ce qui nous relie et de notre interdépendance : ce que tu vis, je le vis ; la solidarité avant d'être un choix est une réalité. En choisissant d'être solidaires les uns envers les autres, nous répondons à ce qui fait de nous des humains, des êtres sociaux qui sommes arrivés à ce stade de l'évolution humaine grâce à cela. 

Conseils pour pratiquer la méditation collaborative 

1) Expliquez brièvement la technique au groupe : "Nous allons dire à autre voix ce qui ce prédomine dans notre expérience, ce que nous ressentons au niveau des cinq sens, des émotions et si nous avons des pensées".

Expliquez qu'il ne faut rien forcer mais seulement remarquer où notre attention se place naturellement. Expliquez qu'il est toujours possible de dire "incertitude" ou "ne sais pas" quand vous ne savez pas quoi dire d'autre.

2) Montrez l'exemple à haute voix pendant environ 30 secondes. Exemple : Douleur, peur, doute, joie, calme, curiosité, bruit etc. Demandez à un autre adulte ou à un jeune avec qui vous aurez pratiqué au préalable avec cette technique de vous rejoindre dans la pratique pour que l'aspect collectif soit compris de tous.  

3) Donnez le signal pour que tout le monde puisse participer et décrire à haute voix les expériences qui se présentent à eux. 

Vous pourrez discuter après la méditation du ressenti de chacun et constater combien cette méditation a créé une atmosphère de partage. 

Adapter la méditation à l'âge de l'enfant

ADAPTER LA MÉDITATION À L'ÂGE DE L'ENFANT

Il n'y a pas vraiment d’âge idéal pour proposer la méditation à un enfant. Voici tout de même quelques points de repères issus d'un livre du psychologue anglais David FONTANA (How to Teach Meditation to Children). 

Avant 5 ans

Les enfants de moins de 5 ans bénéficient le plus d'activités de pleine présence plutôt qu'une séance de méditation formelle qui demande un minimum de concentration. Cela ne limite pas pour autant le champ des possibles, il existe beaucoup d'activités, dont certaines peuvent se pratiquer même avec des bébés (voir mon article à ce sujet). 

Entre 5 et 8 ans. 

Les enfants âgés de cinq à huit ans seraient peu équipés pour le raisonnement abstrait. Se relier à leurs émotions leur serait donc difficile. Cela dit, de plus en plus, les enfants seraient capables de relier des symptômes physiques à un état d'anxiété à partir de sept ans environ.

L’apprentissage de la méditation privilégiera donc plutôt des visualisations et des histoires simples. Il ne faut pas hésiter ici à utiliser leur univers favori pour construire des séances intéressantes : super-héros, animaux, princesses, dinosaures, samurais, tout est possible ! 

Entre 9 et 12 ans 

Les enfants âgés de neuf à douze ans aiment "interagir et imiter". Il nous faut donc rendre les séances les plus interactives et « corporelles » possibles. Les enfants de ces âges  apprennent mieux ce qu'on leur montre que ce qu’on leur dit dit. 

Entre 9 et 12 ans, les enfants apprécient également les responsabilités. Il ne nous faut pas hésiter pas à les impliquer dans la préparation de la salle qui sert à la méditation et dans la gestion des cloches de début et de fin de séance par exemple. 

Entre 13 et 15 ans. 

À partir de treize ans, les enfants sont généralement capables de raisonner dans l’abstrait. Ils peuvent se relier à leurs émotions sans grands problèmes. 

Avec l’adolescence, leur conscience de leur environnement s’accroit également, en même temps que l’intérêt pour les médias et la popularité. 

Parce que les concepts d’amour, de créativité et d’harmonie suscitent leur attention, il nous devient plus facile de présenter la méditation comme quelque chose de plus vaste qu'un simple exercice de relaxation. C'est notamment la période idéale pour construire des séance autour de la compassion envers soi et les autres. 

À la fin de l'année dernière, Imogen Marsh, Stella Chan et Angus Macbeth de l'Université d'Édimbourg ont publié une méta-analyse de la recherche sur "l'auto-compassion" chez les jeunes dans la revue Mindfulness. Ils ont synthétisé des études sur plus de 7 000 adolescents de six pays, âgés de 10 à 19 ans. Ils ont constaté que les adolescents présentant des niveaux élevés d'auto-compassion étaient plus susceptibles de signaler des niveaux moins élevés de détresse causés par l'anxiété et la dépression - surtout lorsqu'ils étaient confrontés à un stress scolaire chronique.

Entre 15 et 18 ans. 

Les enfants âgés de quinze à dix-huit ans doivent compter avec des responsabilités sans cesse plus importantes. Leurs défis sont ceux de la vie qui les attend après le lycée. Amour, amis, famille, études et carrières suscitent en eux de nombreuses questions. 

À cet âge, les enfants qui n’en sont plus vraiment sont capables de comprendre la signification de la méditation dans ses aspects scientifiques, sociaux, voire spirituels. Leur besoin de comprendre et de posséder les connaissances d’arrière-plan de la méditation est alors important. D’autant plus important que la prochaine phase de leur vie - l'âge adulte - consistera à abandonner de nombreuses choses avec lesquelles ils ont grandi.