méditation laique

Pourquoi la méditation n'est pas bouddhiste

Randye J. SEMPLE et Jennifer LEE sont à l'origine d'un ouvrage assez massif : "Le pleine conscience pour les enfants anxieux : aller mieux en s'amusant grâce au programme MBCT-C".

Destiné aux praticiens des thérapies cognitivo comportementales, l'ouvrage aborde une question intéressante : la particularité de la psychologie bouddhiste par rapport à une approche plus laique proposée par la psychologie scientifique occidentale.

Bien sûr, la méditation connait d'autres fondements que ces deux psychologies. Ces deux distinctions sont cependant à mon sens utiles pour mieux comprendre ce qu'est et ce que n'est pas la méditation. 

Ce que n'est pas la méditation : une technique exclusivement bouddhiste

La méditation bouddhiste s'inscrit dans une voie de libération de la souffrance très particuière. La méditation peut se pratiquer dans d'autres cadres. Les thérapies cognitives en sont un exemple. 

La méditation sous l'angle des thérapies cognitives 

La psychologie cognitive part du principe que les pensées influencent les émotions et les comportements. C'est lorsque nos pensées sont inexactes ou déformées, ou que nos suppositions sont irrationnelles et inadaptées que nous procédons à des choix inappropriés. Changer nos pensées permet de modifier nos émotions et notre comportement.

Axée sur l'anxiété, la thérapie cognitive est une thérapie à court terme qui se focalise sur l'apprentissage de compétences spécifique.

Par la méditation et des exercices de pleine présence, cette approche permet de reconnaitre les pensées qui influent sur les émotions et les comportement de façon irrationnelle, de s'en distancer et de développer des habitudes de pensées plus saines. 

La méditation sous l'angle bouddhiste 

La psychologie bouddhiste distingue la douleur et la souffrance. La douleur est universelle. La souffrance (dukka) est évitable. Elle résulte d'une expérience émotionnelle et affective érpouvante qui émerge lorsque ce que nous vivons ne correspond pas exactement à nos attentes. 

Selon la psychologie bouddhiste, c'est nous même qui générons notre propre souffrance. Cette souffrance est liée à notre attachement aux plaisir et à notre aversion de l'inconfort. En acceptant l'impermanence, c'est à dire la nature changeante de tous les phénomène, nous comprenons qu'il est inutile de faire dépendre notre bonheur des plaisirs des sens. 

La voie de la libération passe par "Le Noble Sentier Octuple" : une discipline en trois partie, la perfection de la sagesse, la conduite éthique (notamment par la parole juste et l'action juste) et la discipline mentale. 

Par la méditation, cette approche propose de développer l'équinimité, c'est à dire une prise de distance par rapport à l'impermanence de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations, pour se libérer de la souffrance de l'attachement. 

Il est donc évident que toutes les personnes qui la méditation peut s'entendre au délà du cadre bouddhiste qui est très particulier. Des approches scientifiques existent. Les techniques cognitives en sont un exemple.

Scientifique ne veut pas dire meilleure approche, la psychologie bouddhiste a pour elle plus de deux millénaires de raffinements et a inspiré les approches laiques. 

Ce qu'est avant tout la méditation : changer de perspective

La méditation, entendue comme la pratique formelle de la pleine présence ou pleine conscience, est une exercice dans lequel on accepte de sortir du lit de la rivière de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations pour observer calmement cette rivière.

L'avantage de cette position d'observateur : nous ne sommes plus emportés par le courant.

En prenant un tel recul, nous cessons d'être dans la réaction compulsive, irationnelle et génératrice de souffrance. Nous sommes au contraire en mesure de reprendre le contrôle sur nous-même et de choisir d'agir ou de ne pas agir, et de quelle façon.

Nous sortons de nos constructions mentales pour entrer en rapport avec la réalité.

En définitive, l'approche bouddhiste et l'approche cognitive ne font qu'une chose :  développer des méthodes à partir de la capacité de chaque être humain à être pleinement présent. 

Louis.